Concernant le pain, soyons honnêtes: nos résultats ne sont pas concluants. Les tests réalisés sur de petites fournées (autour de 10 kg) fonctionnent bien, à condition que le ciel soit parfaitement bleu sur plusieurs heures. En revanche, les grosses fournées de 20 kg (qui correspondent à un four plein), ont été des échecs. La puissance n'est pas au rendez-vous. Le résultat donne des pains plats, avec une croûte molle et une mie dure.
Sachant que nous produisons jusqu'à 60 kg de pain par journée, nous ne pouvons envisager de réaliser les cuissons par quantités de 10 kg, au risque de voir les journées de travail (déjà conséquentes) se rallonger de plusieurs heures.
Après échange avec d'autres boulangers solaires en phase de démarrage, il s'avère que nous faisons tous un peu le même constat. Seule la boulangerie solaire historique en France, Neoloco, tire son épingle du jeu, sans doute grâce à un four plus puissant (11 m2 de miroirs au lieu de 5) et à la commercialisation de pains moulés uniquement (qui permettent une meilleure circulation de l'air dans le four que les pains façonnés posés sur plaque).
Malheureusement, il n'y aura donc plus de pain solaire chez Bruzhun. Nous y avons cru, vous aussi, mais nos réalités techniques et économiques nous contraignent à mettre cette utopie de côté pour l'instant.
Pour le reste des produits, le solaire marche plutôt bien, les contraintes de températures étant beaucoup moins importantes pour la torréfaction de graines et de fèves de cacao. Dans notre contexte, nous constatons cependant un décalage entre les performances affichées sur le papier et les performances réelles.
Deux autres points importants sont à prendre en compte:
- la météo sur notre belle commune littorale est évidemment très "marine", c'est-à-dire qu'il fait beau plusieurs fois par jour. :-) Et comme pour cuire quelque chose, c'est mieux d'avoir plusieurs heures d'ensoleillement en continu, cela limite évidemment les journées propices à la production solaire.
- le coût de l'outil est conséquent. C'est clairement notre matériel le plus coûteux, qui réduit d'autant nos capacités financières sur d'autres postes comme les investissements ou le versement, un jour, d'un salaire pour chacun de nous.
A partir de ce constat, nous envisageons plusieurs possibilités d'évolution. Cependant, nous ne prendrons aucune décision avant le premier bilan comptable, qui aura lieu fin septembre. Nous vous en reparlerons le moment venu.
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